A WAR
Du 15/06/2016 au 27/06/2016
Dans le petit matin gris, une troupe progresse à travers un massif montagneux. Des ombres que l’on pourrait prendre pour de paisibles randonneurs si elles n’étaient harnachées comme des chevaliers teutoniques. Nous sommes en Afghanistan et nous cheminons aux côtés d’un petit groupe d’hommes membres du corps expéditionnaire danois en charge de protéger les populations et de maintenir l’ordre dans les villes et les campagnes. Sous couvert de mission de sécurisation, c’est bien de guerre dont il est question.
A war d’ailleurs, par le choix de son titre sans équivoque et dès les premières images, nous enfonce bien cette évidence dans le crâne. Une explosion violente éclate : un des hommes du petit groupe vient de sauter sur une mine. Dans un plan aussi sec que la caillasse alentour, se vide de son sang un jeune corps qui tressaille, les yeux chargés d’effroi à l’approche de la mort. Une chose tellement incongrue à cet âge de la vie, pendant que tout autour s’affolent les copains qui découvrent avec stupeur que la guerre peut tuer, tandis que se déploie la mobilisation du ban et de l’arrière-ban de la chaîne de commandement pour disputer les restes pantelants du gamin à la camarde.
Et si le film n’hésite pas à nous montrer avec force la cruauté et l’absurdité de la guerre, il s’éloigne du champ de bataille pour nous en dévoiler les coulisses et les répercussions. Au Danemark en effet, la femme du commandant Claus Michael Pedersen porte à bout de bras ses deux bambins en l’absence de son militaire de mari, rythmant leurs journées en fonction des coups de téléphones que celui-ci arrive à leur passer depuis le front... Le film quitte peu à peu le bourbier afghan pour s’intéresser à une autre guerre, plus personnelle, et nous interroger : comment un homme peut-il s’inscrire sans perdre son âme dans une guerre d’une barbarie absolue, faite sur mesure pour des barbares ?