SEULE LA TERRE EST ÉTERNELLE
Du 25/05/2022 au 14/06/2022
Le souffle haletant, une cigarette aux lèvres, au volant de son pick-up, l’homme scande de sa voix rauque et fatiguée le retour à la nature. « Le paysage peut emporter tous les chagrins, absorber toutes les névroses. Comment être malheureux quand tu vois ça ? ». L’homme, c’est Jim Harrison ; ça, l’immensité du Montana qu’il a si souvent raconté – avec le Michigan et le Nebraska, entre autres grands espaces. Pour François Busnel, animateur de l’illustre émission littéraire La grande librairie, ce documentaire au long cours s’est imposé comme une évidence, une monnaie de sa pièce à rendre à quelqu’un qui lui avait ouvert tant de portes – géographiques, culturelles, sensitives. Accompagné d'Adrien Soland, il a donc pris son temps, s'est posé pour écouter Harrison et humer l’air qu’il respire.
L’homme que des tribus Ojibwés ont surnommé « celui qui part sur des chemins longs et obscurs et dont on espère qu'il va revenir » peut alors raconter, se raconter : son enfance, sa mère à la rigidité toute scandinave, sa sœur et son père victimes d’un accident de voiture. Mais aussi les rencontres qui l’ont marqué, la naissance de certains de ses livres phares (Légendes d’automne, Dalva), le rapport aux substances : Harrison passe tout en revue, le plus souvent depuis son bureau, au milieu de ses photos et objets préférés. Sa présence magnétique et son sens de la narration nous feraient presque oublier sa disparition... Là, au beau milieu de cette nature avec laquelle il a tant aimé faire corps, c’est une Amérique et son « wilderness » qui continuent d’écrire leur quotidien, en réveillant un imaginaire – le nôtre – forgé et sublimé depuis tant d’années. Un imaginaire auquel Jim Harrison aura grandement contribué.
(D'après Xavier Bonnet • Rolling Stone)