LET'S GET LOST
Du 19/06/2024 au 09/07/2024
COPIE NUMÉRIQUE RESTAURÉE
En 1988, Chet Baker se suicide. Ce musicien de jazz a inspiré à Charlie Parker un avertissement aux grands noms du jazz : attention, ce petit Blanc va leur causer des problèmes. Mais Chet Baker, c’est aussi la drogue, la défonce la plus violente qui soit, l’insouciance, l’inconstance...
En 1987, Bruce Weber met en chantier ce qui deviendra Let’s get lost. Le film est encore en montage lorsque Baker trouve la mort. Si le film prend dès lors la forme d’un hommage, il est permis de se demander si les ténèbres qui se dégagent du film n’en sont pas d'autant plus présentes, captant la mélancolie envahissante du musicien. Let’s get lost n’est en rien une hagiographie. S'il débute en décrivant un aspect positif du musicien, le réalisateur prend vite le parti de multiplier les points de vue. Les anciennes femmes de Baker s’entre-déchirent, se haïssent. Ses amis soulignent son côté inconstant, parfois totalement étranger à toute empathie pour eux et leurs sentiments : tous adorent Baker autant qu’ils le honnissent. Évoluant en marge de la Beat Generation, Baker en côtoie les auteurs et personnifie à leurs côtés la face sombre de l’American dream des années 1950. Comme eux, la réalité semble n’avoir que peu de prise sur lui. Voulu comme une icône par Hollywood qui lui offre des rôles dans des bluettes musicales, Baker n’incarnera finalement pas son propre rôle au cinéma : il est trop sauvage pour cela. Essentiellement cinématographique, Baker le reste jusque dans sa dernière année. Évidemment, il joue avec nous, autant qu’il joue de lui-même et de son image. Puis, il entame un morceau et tout s'évanouit...
(D'après Vincent Avenel • Critikat)