LES CONFINS DU MONDE
Du 05/12/2018 au 01/01/2019
QUINZAINE DES RÉALISATEURS • FESTIVAL DE CANNES 2018
À la fin de la Seconde Guerre mondiale, le conflit se durcit en Indochine. Après Hiroshima et le retrait de l’armée nippone, les indépendantistes vietnamiens reprennent des forces et entreprennent la reconquête de leur pays. Robert Tassen, jeune militaire français, est le seul survivant d'un massacre perpétré par un lieutenant d'Hô Chi Minh, dans lequel son frère a péri sous ses yeux. Aveuglé par la vengeance, il s'engage dans une quête solitaire et secrète à la recherche des assassins. Mais sa rencontre avec Maï, une jeune Indochinoise, va bouleverser ses croyances...
Le colonialisme n'est pas vraiment le sujet de ce film. Dans ce territoire hostile, c'est la violence ambiante et permanente qui perpétue ses atrocités. Il s'agit plutôt pour Robert (interprété par un Gaspard Ulliel bluffant) d'une quête existentielle. Les confins du monde nous immerge – avec une grande virtuosité plastique – dans la jungle humide et dans les vapeurs d'opium des bordels. L'image rend palpable la boue, les odeurs et la difficulté à vivre dans cette forêt. Certaines scènes, très brutes, surviennent inopinément sans pour autant dévier vers une forme de sensationnalisme car jamais ces évènements ne sont trop appuyés. Le colon, le vrai, est présent, mais davantage incarné par le personnage de Saintonge (Gérard Depardieu), à part, dans le confort de sa villa et dans le luxe d'une vie, non pas oisive mais consacrée à l'écriture. Le contraste est saisissant entre les deux réalités. Mais peut-on vraiment parler de réalité ? Tout dans ce film est sensation, fantasme, étrangeté... C'est ce qui en fait une totale réussite qui résonne en nous longtemps après la projection.