LA MORT DE STALINE

Traiter les luttes de pouvoir qui ont déchiré les proches du Petit Père des Peuples au lendemain de sa mort sur le ton de la farce, il fallait oser ! Armando Iannucci – qui s'était déjà moqué des diplomaties américaine et britannique au moment de la guerre en Irak dans In the loop – relève le défi avec brio ! Sans occulter la terreur d'un système totalitaire en pleine folie, il enchaîne les situations grotesques, les personnages burlesques et les répliques hilarantes à un rythme endiablé. Si son film est aussi drôle que glaçant, il ne perd jamais pied avec la réalité des faits desquels il s'inspire. Preuve en est, la sortie du film a été suspendue en Russie suite à une pétition signée par des cinéastes et hommes politiques du pays.

Après une première scène désopilante décrivant l'atmosphère de peur instaurée par le régime, l'événement annoncé par le titre survient : Staline meurt. Le film suit alors la danse macabre et frénétique des hauts dignitaires bolchéviques, alternativement pétrifiés de trouille et survoltés par la possibilité du pouvoir. Tous les apparatchiks sont là, incarnés par un casting international et haut de gamme : Khrouchtchev, Beria, Malenkov, Molotov... Du choix du médecin – la plupart ont été déportés ou fusillés – aux funérailles – les plus grandes jamais organisées en Russie –, La mort de Staline est une comédie formidablement cynique qui traite avec un humour féroce et un sens aigu de la caricature, un épisode historique terriblement véridique.