L'EFFACEMENT
Du 07/05/2025 au 26/05/2025
Nous avions découvert Karim Moussaoui en 2017 avec le subtil En attendant les hirondelles, qui évoquait la difficulté à concilier tradition et modernité pour des protagonistes issus de plusieurs couches de la société algérienne. L’effacement poursuit dans cette veine, avec une ambiguïté des personnages troublante et un récit elliptique mêlant les genres. Le film brosse le portrait de Réda, jeune homme issu de la grande bourgeoisie algérienne, qui subit la domination de son père, cadre dirigeant dans une grande entreprise publique pétrolière. Ce dernier l'embauche à un poste stratégique et cherche à le marier à une riche héritière. S'il accepte les injonctions paternelles, Réda voit son existence bouleversée par plusieurs événements, dont le décès du patriarche et la disparition de son reflet dans le miroir.
Pour apprécier L’effacement, il faut se laisser bercer par le rythme à la fois lent et oppressant du récit, et ne pas chercher à trouver des explications systématiquement rationnelles au comportement étrange de Réda, dont on ne sait s’il est confronté à des événements fantastiques ou si une folie intérieure le ronge. Plusieurs séquences sont ainsi mémorables, comme celle où le jeune homme met un drap sur les miroirs qui refusent de refléter son visage dans une chambre d’hôtel. Karim Moussaoui confirme qu’il est un formidable conteur, apte à créer des métaphores efficaces sur les fêlures de la société algérienne, ses rapports de classe et de genre compliqués mais aussi les humiliations dont peut être victime sa jeunesse. Passionnante radioscopie clinique, politique et sociétale, aux faux airs lynchiens, L’effacement confirme le talent de son réalisateur. (D'après Gérard Crespo • avoir-alire.com)
Avertissement : ce film comporte des scènes de violences physiques et/ou psychologiques pouvant heurter certaines personnes.