ILLÉGITIME

L’ouverture du film, criante de sincérité, fait froid dans le dos... Un repas de famille qui s’annonçait sous les meilleurs auspices vire peu à peu à la dispute, violente, sous le poids d’un passé marqué par la dictature communiste qui ressurgit... On ne vous fera pas miroiter un nouveau Festen (inoubliable !) mais il y a bien quelque chose de cet ordre-là dans ce film qui attaque à bras le corps son lot de tabous.

Ce repas, c’est un point de départ, qui sème le doute... Rien de pire que le doute... Les choses s’installent ensuite petit à petit, au gré des situations. Nous découvrons chacun des personnages,  et comprenons les liens entre eux, certains assumés, d’autres moins. Le passé du père... La relation secrète, passionnelle et fusionnelle, entre les deux petits derniers, jumeaux... Tous ces éléments qui se dévoilent au fur et à mesure que le film avance semblent nous emmener inexorablement vers une potentielle tragédie grecque ! Mais Illégitime ne prendra pas forcément les chemins les plus évidents, ni les plus balisés...

Les personnages se battent contre leurs passions, leurs désirs, leurs représentations aussi... Les situations sont parfois excessives mais elles se dévoilent tout en finesse. Les lourds secrets surgissent les uns après les autres. C’est douloureux, c’est difficile et ça travaille jusqu’à l’explosion. Mais le résultat est très touchant, et loin de tout manichéisme primaire. Les acteurs sont terriblement convaincants et l’ensemble parvient à construire un lien fort entre des générations que tout semblait opposer.