HÔTEL SINGAPURA
Du 24/08/2016 au 13/09/2016
Hotel Singapura est une histoire de Singapour. Une contre-histoire plus exactement, sexuelle, sensuelle et transgressive, filmée dans l’espace secret d’une chambre d’hôtel où défile, des années 40 aux années 90, une farandole de personnages dévorés par le désir. Assemblage de courts mélodrames, le film trouve son unité dans l’espace de la chambre où il se déroule, dans une série de motifs glissants qui ressurgissent d’un segment à l’autre, dans l’émotion à fleur de peau. Le sexe est la grande affaire du film : Eric Khoo n’y va pas par quatre chemins pour le mettre en scène, et le fait avec une sensualité bouleversante. Cette frontalité est évidemment aussi une forme de provocation, d’autant plus manifeste que chacun de ces petits mélos recèle sa part de critique politique.
Pendant la seconde guerre mondiale, le premier sketch met en scène deux hommes amoureux que l’histoire s’apprête à séparer, dont l’infinie pudeur n’a d’égale que l’intensité de passion qui les lie. Cette pudeur sera jetée par-dessus bord dès la séquence suivante. Années 50, une femme mal mariée et son amant font furieusement l’amour, filmés dans de longs plans-séquences qui donnent à leur union un caractère épique. Dix ans plus tard, à la veille d’une opération qui doit le conduire à changer de sexe, un homme travesti en femme reçoit de son amant sa dernière fellation. Une nouvelle décennie passe, et un groupe psychédélique venu faire la fête après un concert voit son leader mourir d’une overdose. Il hantera dès lors l’espace de la chambre, assistant aux ébats des prochains locataires, intervenant quand il le juge nécessaire, comme pour accompagner une jeune Coréenne jusqu’à son premier orgasme...
(d’après Isabelle Regnier • Le Monde)