COMPÉTITION CONTRECHAMP • FESTIVAL DU FILM D'ANIMATION D’ANNECY 2023

Dans cent ans, toute vie animale et naturelle a disparu. Seules quelques villes subsistent sous cloche mais la survie de l’humanité toute entière ne tient qu’à un fil. Pour réguler la population et subvenir à nos besoins primaires, les règles se font de plus en plus strictes : désormais, passé l’âge de cinquante ans, tout être humain doit se livrer aux autorités pour être transformé... en arbre. Quand sa femme décide d'embrasser prématurément ce destin à trente deux ans, Max va tout mettre en oeuvre pour la retrouver, quitte à braver le système tout entier.

Sky Dome 2123 commence par un long travelling descendant sur ce qu’il reste de Budapest, protégée sous une immense baie de verre. La seule couleur provient de projections d’arbres de couleur bleue et de la lumière du soleil qui s’invite dans les rues. Autrement, tout est gris et aride, à l’image des terres désolées à l’extérieur du dôme, faites de sable, de rocs et de débris. Nous sommes d'emblée frappés par l’animation ultra-réaliste de Tibor Bánóczki et Sarolta Szabó. Les réalisateurs ont tenu à reproduire les mouvements de leurs acteurs en rotoscopie et le résultat est saisissant, retranscrivant superbement la vie comme l’absence de vie. Car, malgré la destruction du monde, chacun essaie de mener son destin comme il le peut. Cette quête à travers des territoires dévastés convoque évidemment de grands classiques – Total recall ou Mad Max par exemple – tout en étant à une échelle plus intimiste. Ouvert à la contemplation et à l'émotion, Sky Dome 2123 est une course sidérante et désespérée vers l’impossible.

(D'après Gabin Fontaine • cinematraque.com)

TROIS AVANT-PREMIÈRES SUPPLÉMENTAIRES SUITE AU FESTIVAL GRINDHOUSE PARADISE

Pedro et Jimmy découvrent le corps atrocement mutilé d’un homme dans les bois. Les effets retrouvés sur le cadavre les conduisent à une famille marginale dont le fils aîné est sur le point de donner naissance à un démon. Face à l’inaction des autorités, les deux frangins règlent le problème en se débarrassant du malheureux quelques centaines de kilomètres plus loin. N’ayant pas respecté les rites d’un exorcisme en bonne et due forme, ils libèrent un mal qui va corrompre les membres de leur communauté.

Pendant que nos poches sont pillées à coup de remakes aussi bons que des yaourts au poivre, un film argentin braconne en catimini sur les terres depuis trop longtemps en jachère du film de possession. Grâce au talent et à la vision de son réalisateur-scénariste, ce film indépendant fait d’ailleurs une belle tournée des festivals. Il faut reconnaître que When evil lurks a tous les atouts pour faire souffler un vent de fraîcheur sur les plaines du midnight movie craspec. Les deux raisons principales : un scénario malin qui se paye le luxe de remanier les codes du genre de manière fort ludique et d'audacieuses séquences de terreur. Cette année, l’horreur vient d’Amérique du Sud... Et de nos amis les animaux.

Jusqu'au bout du monde s'ouvre sur une séquence, à la fois prologue et fin : un chevalier en armure galope à travers une forêt verdoyante, son épée luisante sous les rayons de soleil qui percent la canopée. En un clin d’oeil, tout cela s'évanouit... Apparaît alors une femme sur son lit de mort, au moment de son dernier souffle. Un zoom lent révèle un homme assis près d'elle. En silence, il lui ferme les yeux pour toujours...

L’Ouest américain, dans les années 1860. Après avoir fait la rencontre de Holger Olsen, immigré d’origine danoise, Vivienne Le Coudy, jeune femme résolument indépendante, accepte de le suivre dans le Nevada pour vivre avec lui. Lorsque la guerre de Sécession éclate, Holger décide de s’engager et Vivienne se retrouve seule. Elle doit désormais affronter Rudolph Schiller – le maire corrompu de la ville – et Alfred Jeffries – important propriétaire terrien. Il lui faut surtout résister aux avances plus qu’insistantes de Weston – le fils brutal et imprévisible d’Alfred…

Vivienne Le Coudy est l'héroïne absolue du deuxième long-métrage réalisé par Viggo Mortensen, ce qui n'en fait pas pour autant un western dont la figure centrale est une femme : Jusqu'au bout du monde est davantage un film sur une femme dans un western, et sur sa volonté de rester indépendante dans un environnement dominé par les hommes. C'est également une magnifique histoire d'amour, portée par deux acteurs sublimes : chaque scène qu’ils partagent crépite d'émotion. Ainsi, Jusqu'au bout du monde est, peut-être, le western le plus romantique – et réaliste – vu depuis fort longtemps.

(D'après Savina Petkova • cineuropa.org)

PRIX D’ENSEMBLE, UN CERTAIN REGARD • FESTIVAL DE CANNES 2023

Au coeur de la forêt brésilienne, le peuple Krahô, inlassablement persécuté au fil de son histoire, n’a de cesse d’inventer de nouvelles formes de résistance. À travers leurs rites ancestraux, leur amour de la nature et leur combat pour préserver leur liberté, ils nous guident et nous racontent les tensions qui existent entre les communautés autochtones et les villages voisins. Ils convoquent également tout un imaginaire poétique lié à leur mémoire collective, leurs rêves, leurs mythes ou encore leur rapport fascinant à l’invisible et à la terre. Cette toile de fond complexe imprègne le film et nous permet d'appréhender, sensoriellement, la manière dont les Krahô organisent leurs récits. Ils élaborent leur histoire selon leurs propres concepts, leurs propres principes et leurs propres mots. Si celle-ci est singulière, nous percevons ici que les défis auxquels ils font face aujourd’hui résonnent sur tous les continents.

La fleur de Buriti a remporté le Prix d'Ensemble de la section Un Certain Regard du dernier Festival de Cannes, section qui avait déjà récompensé du Prix Spécial du Jury en 2018 Le chant de la forêt, précédent film des cinéastes João Salaviza et Renée Nader Messora. Suivant à nouveau le peuple Krahô, le film aborde l’une des thématiques les plus urgentes pour cette communauté : la lutte pour leur terre et les différentes formes de résistance mises en place ces dernières décennies. Le sujet est grave ; le film, lui, nous embarque pour un étonnant voyage, dans un état second entre documentaire et fiction.

SÉLECTION OFFICIELLE, UN CERTAIN REGARD • FESTIVAL DE CANNES 2023

Pour son premier long-métrage, Kim Chang-hoon a soigné son entrée en matière. Une caméra au ras du sol. Une chaussure usée. Un caillou. Un jeune garçon s’en empare et frappe brutalement un autre avec. Aucun doute, nous serons dans un polar noir, sans concession, dans lequel chaque coup résonne en métronome de la bande-son. Ce gamin qui tape avant de réfléchir, c’est Yeon-gyu, adolescent introverti, meurtri par l'irascibilité d’un beau-père alcoolique. Sa rencontre avec un gang local va lui permettre de s’extraire de son quotidien. Il y découvrira une spirale de violence à laquelle il n’était pas préparé…

À l’image de son titre, l’espoir a disparu de cette ville, sordide et gangrenée par la corruption, dans laquelle prend place la tragédie. Il ne s'agit pas ici de la dépravation des élites mais de celle des petites gens, de ceux qui choisissent le crime par nécessité ou par ennui. Les mafieux apparaissent alors comme un ascenseur social, le moyen d’arriver au sommet de la pyramide de cette pègre des bas-fonds. Au-delà de la puissance de certaines séquences, âpres et rugueuses, le film séduit par son refus de glorifier le parcours du protagoniste : les truands ne sont pas des héros et nous assistons bien à une descente aux enfers. Hopeless a digéré les classiques américains – Scorsese et De Palma en tête – pour en proposer une variation profondément ancrée dans le paysage urbain sud-coréen. En développant une relation ambigüe entre son personnage principal et le leader des hors-la-loi, le cinéaste élève son récit brutal vers la chronique aiguisée d'une jeunesse désabusée.

(D'après Christophe Brangé • abusdecine.com)

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