LE MONDE APRÈS NOUS

Labidi est fauché. Il a néanmoins du talent, celui de l'écriture, cultivé depuis l'enfance, et même de l'ambition, celle de publier un premier roman. Cela ne suffit pourtant pas à payer le loyer et le quotidien de sa vie parisienne. Il partage donc une chambre de bonne avec son ami Alekseï et se débrouille de petites magouilles et de jobs alimentaires : livreur à vélo le jour, écrivain la nuit... ou parfois l'inverse. Quand il rencontre Elisa, encore étudiante, Labidi veut lui offrir une existence confortable. Rien d'extravagant : un appart, un resto de temps en temps... Mais cela est déjà bien au-dessus de ses moyens. Labidi va donc essayer de concilier ses rêves de littérature, ses amours naissantes et ses galères de thune...

Il y a quelque chose d'inclassable dans Le monde après nous. Si Louda Ben Salah-Cazanas s'inspire de situations vécues, il parvient à les transcender par la fiction. Il navigue ainsi entre film social et histoire d'amour, entre drame et comédie. Son premier long-métrage déborde surtout d'authenticité et d'une forme de pulsion de vie – et de cinéma. Porté par l'urgence de filmer une réalité au moment même où elle se passe, Le monde après nous capture avec beaucoup de sensibilité le quotidien d'un jeune à Paris aujourd'hui, entre espoir et précarité. À travers l'itinéraire de Labidi, il se saisit de questions profondément contemporaines : l'absurdité du monde du travail et l'ubérisation, le statut de transfuge de classe et celui des immigrés de la deuxième génération, les difficultés de logement... Le film ne s’appesantit pourtant jamais : il s'en dégage avant tout beaucoup de joie et un romantisme enchanteur. Coup d'essai, coup de cœur !